Maigret au Picratt’s: enseignes au néon et strip-teaseuse
Ce roman est publié en avril 1951. Le Picratt’s est un lieu simenonien mythique, qu’on retrouve à de nombreuses reprises dans son œuvre, aussi bien dans les Maigret que dans les “romans durs”. Le titre du roman amène presque forcément à une illustration d’un cabaret, représenté par des enseignes illuminées la nuit. Si l’édition originale présente une enseigne au nom du cabaret éponyme, les éditions suivantes montreront d’autres noms de cabaret. Le Moulin-Rouge est évidemment une bonne source d’inspiration.
De nombreuses éditions présentent le personnage central de l’histoire, Arlette: on peut la voir sortir du Picratt’s, suivie des yeux par l’agent Jussiaume, comme à l’incipit du roman, ou pendant son numéro de strip-tease.
Le numéro de strip-tease peut aussi être suggéré, avec une focalisation sur les jambes de la danseuse.
Le cabaret peut aussi être évoqué par des objets: une rose, un saxophone, une chaise où traînent les vêtements de la strip-teaseuse.
D’autres éditions choisissent de nous montrer la découverte du meurtre d’Arlette, dans une mise en scène dramatique, mais qui ne correspond pas vraiment à la description très évocatrice qui en est faite dans le roman: “Sur la carpette en peau de chèvre, au pied du lit, dont les couvertures n’avaient pas été défaites, un corps était étendu, une robe de satin noir, un bras très blanc, des cheveux aux reflets cuivrés.”
Maigret en meublé: Janvier et le pot de cuivre à la fenêtre
Ce roman est publié en juillet 1951. Comment en représenter le titre, assez vague ? On peut bien sûr se contenter de montrer un immeuble de rapport, mais il est plus intéressant de choisir un objet qui évoque l’intrigue. Michel Carly, dans son livre déjà cité, nous apprend que Sven Nielsen pensait d’abord à un revolver, celui avec lequel on a tiré sur Janvier. Avec Simenon, ils finissent par se décider pour un objet moins banal: le pot de fleurs qui sert de signal entre Mme Boursicault et son amant. On retrouvera l’objet dans d’autres éditions.
D’autres éditions se contentent d’évoquer l’immeuble de Mlle Clément, vu de l’extérieur ou de l’intérieur.
D’autres éditions proposent une illustration de la scène de l’attentat contre Janvier.
Certaines éditions choisissent de présenter un objet qui fait partie de l’intrigue ou qui en évoque le décor: clé de porte de chambre, valise de Maigret, revolver de Paulus, ou le fameux sandwich de Mlle Clément.
Enfin, mentionnons ces trois éditions pour leur illustration originale: une réédition aux Presses de la Cité, où on voit la silhouette de Maigret pressant la sonnette du meublé de Mlle Clément, et au-dessus de la sonnette, une carte de visite qui intègre habilement un mot du titre; une édition italienne où on voit un cabinet de toilette, avec un miroir où se reflète la silhouette de Maigret; une édition norvégienne, qui présente Maigret en train de téléphoner, et Mlle Clément (ou Mlle Blanche ?).
Maigret et la Grande Perche: un cadavre près d’un coffre-fort, une longue fille et une vieille dame
Le titre plutôt énigmatique de ce roman, publié en octobre 1951, nécessite, pour l’illustrer, de connaître un tant soit peu le contenu de l’intrigue. L’édition originale nous présente la scène découverte par Alfred-le-Triste au début du roman: le cadavre d’une femme près d’un coffre-fort. On retrouve ce thème dans plusieurs éditions.
D’autres éditions ne montrent que le coffre-fort.
D’autres éditions présentent le cambrioleur à l’œuvre, ou se rendant sur les lieux à bicyclette.
Certaines éditions choisissent de présenter le personnage qui donne son nom au titre: Ernestine, dite la Grande Perche.
D’autres éditions préfèrent montrer un autre personnage, Mme Serre.
D’autres éditions encore choisissent de présenter un objet qui évoque l’intrigue: passe-partout de cambrioleur ou grille de la maison des Serre.
Enfin, mentionnons cette édition italienne, qui illustre la scène qui a opposé autrefois Maigret et Ernestine, rue de la Lune.