La Tête d’un homme: prison et guillotine
Ce roman est publié en septembre 1931. Son titre, à la fois mystérieux et évocateur, va obliger de facto les illustrateurs à connaître tant soit peu de l’intrigue pour imager la couverture. L’édition originale propose une illustration dramatique: une foule se pressant au spectacle de la guillotine. La même image est reprise dans l’édition originale norvégienne de 1933.
Le thème de la guillotine va être repris dans plusieurs éditions.
Un autre décor important du roman est la prison d’où s’évade Heurtin. Les couvertures montrent soit la prison elle-même, soit un élément qui la représente (une fenêtre grillagée), soit Heurtin dans sa cellule, et parfois Maigret.
Un autre choix consiste à illustrer une scène particulière du roman: par exemple, l’évasion de Heurtin, le suicide de Crosby, ou l’arrivée de Heurtin à la Coupole.
On trouve aussi des couvertures où sont représentés d’autres lieux de l’action: la Coupole, la Citanguette ou la villa Henderson.
Un autre choix est celui de présenter un objet typique de l’intrigue: la clé de la villa et les billets de banque, ou le pot de yogourt et les cigarettes de luxe.
Un personnage important du roman est bien entendu Radek. Certaines éditions l’ont choisi pour illustrer la couverture.
On trouve aussi sur certaines couvertures des scènes reprises de deux adaptations au cinéma: celle de 1933 avec Harry Baur, et celle de 1949 (sous le titre de L’Homme de la Tour Eiffel) avec Charles Laughton.
Enfin, on retiendra ces deux illustrations pour leur façon originale d’imager les mots du titre dans leur sens premier, avec un sous-entendu sur le “jeu de vie ou de mort” que contient l’intrigue: l’édition Fayard de 1936 nous montre la nuque d’un homme sur laquelle se devine une sorte de cicatrice comme pourrait en dessiner la lame d’un couteau (celui de la guillotine ?), et une édition russe nous présente une pipe d’où s’échappe de la fumée, dont les volutes dessinent les contours d’une tête de mort.
La Danseuse du Gai-Moulin: rideau rouge et bas résille
Ce roman est publié en novembre 1931. Curieusement, alors que le titre semblait appeler de lui-même deux thèmes d’illustration: une danseuse (ou plutôt une entraîneuse…) ou un cabaret, l’édition originale fait un choix différent: on y voit un garçon de café, vêtu de son tablier, sous un globe lumineux. Est-il en train d’attendre les clients ?
Quoi qu’il en soit, ce thème n’inspire guère les autres illustrateurs, qui préfèrent reprendre les mots du titre, et d’abord, dépeindre la belle Adèle.
La danseuse peut aussi n’être que suggérée.
Un autre choix consiste à présenter le décor suggéré par le titre, soit un cabaret, dont on verra l’entrée ou l’intérieur, qui peut être symbolisé par une tenture rouge.
L’accent peut aussi être mis sur d’autres éléments du roman, comme la découverte de Graphopoulos dans le cabaret, le meurtre du même dans sa chambre d’hôtel, ou encore la malle qui joue son rôle dans l’intrigue.